Haru - Easter Rabbit

« Hein, quoi ? Vous raconter mon… Mais vous avez pas autre chose à foutre ? »

Vous non ? Dommage, lui si. Son enfance ? Peuh, quel intérêt ? Mais allez, puisque certains insistent… Haru, il est le second fils de la Reine Rouge. Oui, celle-là même qui coupait les têtes à ce qu’on dit, en attendant il l’a toujours lui, sa tête. Mais bon, maintenant qu’elle est morte et enterrée n’en parlons pas. Je vous arrête, il aimait bien sa mère. Mais… Elle avait l’art et la manière de vous mettre mal à l’aise, surtout quand elle vous fixait avec son air sévère et sa bouche pincée. Bref, ne racontons pas ça, c’est chiant et ça n’intéresse personne. On est d’accord ? On est d’accord.

En fait, l’histoire d’Haru n’a rien d’exceptionnel –dans la mesure où grandir dans un château est tout à fait banal, évidemment- petit second qui passa cependant au rang du premier. Héritier, tout ça tout ça… Son frère avait été relayé au second rang, foutu dans l’ombre. Et lui, sans qu’on lui demande son avis, avait été balancé sur le devant de la scène. Si ça lui plaisait ? Oui, énormément. Au début en tout cas. Qui n’aime pas être mis en valeur ? Qui n’aime pas avoir une petite armée à ses pieds, des serviteurs qui lui rapportaient le doudou qu’il s’amusait à jeter un peu plus loin à chaque fois ? Ah ça, pour leur avoir mené la vie dure… Il s’en est donné à cœur joie. Mais fallait le comprendre, si petit et déjà soumis à tout un tas d’obligations… En fait, tous les jours, il avait hâte que la nuit tombe. La nuit devenait un tout autre domaine, un terrain de jeu aux possibilités infinies. Un moment où il reprenait sa place de petit frère. S’il aime son frère ? Demandez au lapin blanc s’il veut un jour arrêter d’être en retard. Même réponse. Il adorait son frère. Jack, c’était un peu son modèle. Un modèle des plus étranges, avec des dents longues et une apparence cadavérique, mais son modèle quand même. Jack il ne le laissait pas gagner aux échecs : il lui foutait une branlée monumentale et ensuite ils se balançaient les pièces. Jack il ne lui laissait pas non plus le dernier bonbon, il le mangeait bien en évidence devant son frère… Qui n’hésitait pas à lui foutre la main entre les canines pour choper le précieux. Ils se battaient tout le temps, toujours pour des broutilles. Parfois ça finissait mal et l’un des deux boudaient l’autre –okay, Haru boudait beaucoup plus son frère- mais tout était oublié le lendemain. Ouais, il aurait pu passer sa vie comme ça. Et quand il serait devenu Roi, toutes les fenêtres du Palais auraient été fermées pour qu’il puisse voir son frère tout le temps.

Mas une vilaine petite chose pointa trop rapidement le bout de son nez : la jalousie. Ca commença tôt, lorsque son frère et lui allaient jouer avec Nicolas et Aphrodite… Pourquoi ces deux-là ? Il n’en voulait pas des autres. Il devait partager son frère, et ça ne lui plaisait pas du tout. Evidemment, il était heureux de voir du monde mais pas de cette manière. On ne lui demandait pas si ça lui plaisait. Alors il se taisait et souriait, ce même sourire enfantin et plein d’innocence qui cachait une jalousie maladive.

Puis un jour, ce fut le drame. On lui donna une clé pour qu’il façonne son propre Monde, selon ses propres règles. Explosion de joie. Il voyait déjà des sucreries partout et des bonbons géants lui demander de les manger… Mais son frère aussi eut une clé. Comme Nicolas et Aphrodite. Et ils furent tous séparés. Et il était encore balancé au premier rang. Et il en avait marre. Pourquoi on ne lui avait pas donné une clé à partager avec son frère hein ? Et pourquoi ces deux autres avaient aussi une clé ? Ils en méritaient une ? Eux ?
Il alla découvrir son monde. Parfait reflet de sa gourmandise excessive. Ça, c’était cool. Son Monde à lui, il l’adorait. Il passait sa vie à apprendre, dévorant autant les sucreries que les connaissances… Mais bien vite, il fut lassé. Il jalousait profondément les autres. Il jalousait encore plus son frère pour s’amuser et être aussi heureux alors que lui… Lui, il voulait revoir ce grand crétin cadavérique. Il aurait aimé retourner s’amuser avec Nicolas et Aphrodite, même si parfois ils étaient chiants et lui volaient son frère. En fait, son Monde il s’en serait bien passé.

Les années passaient et il s’habitua finalement à cet environnement. Il s’y habitua tellement bien qu’il y exerçait une autorité féroce et entretenait une haine sourde entre chaque habitant. Le tout savoureusement caché derrière des couleurs pastel et des cascades de sucre et de chocolat. Son monde était parfaitement à son image. Une apparence tellement douce… Et un cœur au bord de l’explosion. Il se plaisait dans ce fragile équilibre, entre la fraternité et le chaos. Il s’était élevé dans cet univers et était tout simplement devenu le cœur de la machine. Un cœur inflexible et protecteur. Le commerce rythmait ses jours, il devait toujours réinventer des choses pour chaque fête… Il aimait sa place. Sans lui, les autres n’étaient rien et ça… C’était la meilleure chose à ses yeux. C’était comme une gigantesque partie d’échec, sauf qu’il n’avait que des Reines et les autres n’avaient que des pions.

La chute des frontières, il ne la sentit pas venir. Il ne l’apprécia pas non plus. Voir les mondes se croiser, se mélanger… Ça allait foutre un bordel monstre dans ses affaires, il le sentait. Et les pions pouvaient battre les Reines.

Haru est petit, Haru est mignon. C'est vrai quoi, regardez le ! Un visage poupon, rond comme celui d'un enfant, de grands yeux chocolats qui transpirent l'innocence et la gaieté... On s'attendrait presque à le voir courir tout sourire dans votre direction pour vous tendre un oeuf fraîchement décoré. Oui.

Mais non.

On va commencer par le positif. Haru est quelqu'un de très sérieux et organisé avec les affaires. Jamais en retard, jamais en avance (comme un magicien gris.) et il livre toujours dans les temps. Quand on est chargé de fournir toutes les fêtes, c'est préférable. Si lui tient ses délais à la minute -voir à la seconde- près, il attend de la part de ses pairs la même rigueur... Ce que, bien entendu, il n'obtient pas toujours. Ce qu'il n'apprécie pas. L'argent en retard, c'est des commandes retardées. Les commandes retardées c'est des heures de travail en plus. Le travail en plus, c'est de l'argent perdu.
Très à cheval sur ses principes, il n'hésitera pas à vous rappeler que vous lui devez quelques Wonders... De manière plus ou moins forte. Soyez en retard et attendez vous à de mauvaises surprises, le jour de votre fête... Pas de commandes ? Et mon argent ?

Carrément radin, il n'est pas du genre à prêter ni à emprunter. Il s'est toujours débrouillé seul et comme il le dit si bien, il a bâtit son empire seul. Hautain et fier, il n'aime pas perdre la face et encore moins être critiqué. Manque de maturité ? Oui, un peu. Le Easter Rabbit réagit parfois comme un gosse, du genre à taper une crise en se roulant par terre. Ça n'arrive pas tous les 2 jours non plus, qu'on se rassure.

Honnête, s'il a quelque chose à vous dire il ne tournera pas autour du pot. Vous blesser ? Peuh, quelle importance, c'est pas ça qui ralentira ses affaires ! Mais cette honnêteté marche également envers ses proches. Sans aller jusqu'à leur confier ses précieux Wonder, disons qu'il est capable de quelques... Arrangements. En échange de quoi ? Dîtes votre prix, il dira le sien.

Mais cette gueule d'ange ne cache pas que des défauts. Oh non. Haru est capable d'être réellement adorable, comme un petit lapin blanc qu'on tient dans ses mains. A vous de trouver comment appâter l'animal mais une fois cela fait... Il devient beaucoup plus souriant, joueur et plaisantin. A vrai dire, il tient même beaucoup aux gens, amis comme ennemis. Ses ennemis pour les utiliser en véritable défouloir, ses amis pour... Passer du temps, comme avec des amis. Ne vous attendez pas non plus à de grandes déclarations d'amour, ça n'est certainement pas son genre.

Un indice pour appâter la bête ? Proposez lui du sucre. Bonbons, gâteaux, pâtisseries... Il s'en gave à s'en faire exploser le ventre et ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. La gourmandise est un vilain défaut pourtant.